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De quoi l’événement digital est-il l’avenir ?

 

La crise de la Covid a marqué un tournant essentiel dans notre relation au travail à distance, au commerce en ligne, et probablement à une certaine forme de contact physique qui pourrait se faire instinctivement de façon plus distante… Elle a par ailleurs totalement transformé la conception des évènements.

Qu’ils s’agissent de rencontres comme le WEF ou le One Planet Summit, depuis un an, chacun de ces rendez-vous se sera tenu derrière l’écran de notre ordinateur ou celui de notre smartphone. Chacun d’entre eux a rivalisé de noms prestigieux pour composer des plateaux, utilisé des thèmes d’actualité forts pour conserver son credo, son calendrier, sa légitimité et aussi – pourquoi ne pas l’avouer – ses partenaires garants de l’équilibre financier.

Ces derniers, pourtant également touchés par la crise, ont majoritairement serré les coudes et maintenu leur engagement en 2020 – considérant à juste titre qu’il fallait se montrer solidaires et maintenir ces espaces de dialogues privilégiés où les décideurs et acteurs de la société débattent des grands thèmes de notre société et de l’avenir du monde.

D’autres événements ont décidé d’assumer un choix opposé, à l’instar du comité directeur des prestigieux Entretiens de Royaumont. Il a été convenu qu’au-delà d’illustres personnalités invitées pendant deux jours dans l’Abbaye fondé par Saint-Louis, l’événement cultivait l’art de la rencontre et de l’échange original, informel et à haut niveau. Et que sans la vérité du contact humain établi dans un cadre inspirant et une ambiance chaleureuse, il était préférable de les différer pour les tenir physiquement.

Ce choix du comité stratégique des Entretiens interroge sur le bien-fondé de l’événement digital pour les événements de rencontres et de réflexion de haut niveau. Car, même si les chiffres de la participation par écran sont très honorables, combien de temps ces grands événements pourront-ils tenir leur promesse ?

Ce n’est pas faire injure au fond que de s’interroger sur la forme :
de quoi le digital est-il l’avenir ?

 

Les événements qui ont le commerce pour substance tirent en partie leur épingle du jeu. Même si les amateurs regretteront toujours de ne pas s’installer quelques secondes dans la voiture star du salon de l’automobile, les mêmes seront sans doute présents devant leur écran pour découvrir les dernières nouveautés. Le E-commerce a trouvé son chemin depuis quelques années maintenant et l’événement qui sous-tend son existence trouvera le sien également. D’autant que les entreprises présentes sur ces salons ont déjà un coup d’avance dans le marketing digital.

En revanche, les événements de réflexion qui jouissent aujourd’hui d’une grande renommée s’étaient imposés car, au-delà de l’intérêt général qu’ils servent, ils offrent surtout aux décideurs des moments hors du temps qui permettent de « dédramatiser » les enjeux d’une rencontre.

Conscients des carences et des attentes de rencontres, les concepteurs d’outils digitaux ont fait des avancées spectaculaires sur un grand nombre de solutions – de cafés virtuels, d’espaces 3D dans lesquels votre avatar peut se déplacer, d’artifices inclusifs et d’interaction via des espaces de dialogue. Autre avantage incontestable, le nomadisme propre à ce nouveau mode de réunion rend l’auditeur libre d’écouter, de revenir au contenu à sa convenance.

Mais, en dépit de ces innovations, les évènements dits à contenu risquent d’avoir du mal à survivre dans leur ampleur pré-crise sans réunir quelque part leurs fidèles et leurs partenaires. Leur facteur de survie et de réussite se résume en deux mots : interactivité humaine.

Alors que le contenu subsistera et même s’enrichira au travers des podcasts de grands média ou de chaînes digitales, il faudra veiller à la renaissance rapide des espaces d’échanges et probablement inventer de nouveaux évènements, à taille humaine, agiles et modifiables selon les besoins et les contraintes sanitaires sans devoir à nouveau passer du tout au rien en cas de nouvelle crise pandémique.

Le Digital restera un mélange de présentiel et de virtuel, avec toujours plus d’exigence de contenus et de solutions inventées pour demain. Parce que la crise que nous traversons rappelle, s’il en était besoin, que jamais le besoin de rencontre n’aura été aussi grand, et que le recours à l’intelligence collective est crucial.

Carole Vezilier
Fondatrice des Oracles
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